vendredi 21 janvier 2011

Ma maison Maison dite « Le Grenier » située à Lanoraie face au fleuve Monik Grenier, propriétaire.

En 1917, mon père achète d’un fermier de Lanoraie une petite maison pièce sur pièce à queue d'aronde située sur le Chemin du Roy, aux abords du Saint-Laurent et qui doit alors servir de chalet d’été. Elle date de 1710 et aurait été construite par un marin français. Mon père l’appelle sa «maison de Bretagne» en souvenir d’un séjour en France l’année 1920, où comme médecin, il se spécialisa auprès de Marie Curie en radiumthérapie.

Le carré de la maison (20’ x 20’) et la cuisine d’été (10’ x 16’) sont bien trop petits pour loger les sept enfants de mon père devenu veuf. À l’époque, des travaux d'agrandissement sont donc réalisés. Au-dessus du carré, les entraits du grenier sont rehaussés de deux pieds afin de pouvoir y marcher debout. C’est là qu’on installe le dortoir des filles. Au-dessus de la cuisine, à laquelle on a ajouté une salle à dîner, un deuxième étage permet de loger le dortoir des garçons. Une grande galerie couverte est ajoutée où les enfants sont invités à jouer les jours de pluie.

Mon père se remarie et ma mère et lui auront ensemble 14 enfants! Les 21 enfants de mon père n'ont jamais tous en même temps habité la maison de campagne, car dès l'âge de 17 ans, ils devaient travailler durant l’été pour payer leurs études. De ce fait, la maison de Lanoraie a été de moins en moins habitée. Celle-ci est finalement mise en vente en 1982. Ayant fait la «meilleure offre», selon les termes de la succession, j’achète la maison «telle quelle».

Quel sens donner à ce «telle quelle»? L’eau coule dans le maison, le toit pourri s’écroule sur la galerie, la fosse septique n’est plus conforme aux normes, les tuyaux gèlent l’hiver et l’électricité ne fournit que 15 ampères. Tout est à refaire!

Par quoi commencer? L’entrepreneur, engagé en 1982, débute par la construction d’une réplique assez fidèle d’un hangar démoli depuis longtemps. Il sera utilisé comme garage plus tard mais, en attendant que les travaux soient terminés dans la maison, le haut du garage sert de logement. Puis, durant 20 mois, soit d'avril 1983 à novembre 1984, nous avons le privilège de côtoyer un artisan ébéniste-plombier-forgeron-concepteur-créateur du nom de Louis Hervieux, une perle rare!

Voici une liste des principaux travaux qui furent exécutés : démolir le dortoir des garçons, la salle à manger, les faux plafonds, la cuisine et la galerie; creuser une cave en béton; décaper les superbes pièces sur pièces grossièrement équarries, enfouies sous des tonnes de plâtre et de papier peint. Il fallut aussi refaire la plomberie, l’électricité et reconstruire la toiture, l’âtre, les murs, la cuisine, etc., tâches que tous les restaurateurs de maisons anciennes ne peuvent éviter.

Mais tout ne s'arrête pas là. En 1985, un gros travail est fait dans le jardin: émondage d’arbres centenaires, plantation d’arbres fruitiers et de fleurs vivaces. En 1988, une serre est construite sur la grande galerie face au fleuve. Puis, en 1991, une rallonge (15’ x20’), appelée «studio», est érigée avec ses 18 fenêtres à la française afin de répondre à nos besoins de musiciens. L’unité de style est respectée, la toiture étant recouverte de tôle à la canadienne. La laiterie, pièce sur pièce, est déménagée à côté du puits.

Nous avons sauvé cette maison d’une démolition certaine et profitons maintenant d’un environnement superbe que les membres de l’APMAQ ont d’ailleurs eu le plaisir d’apprécier lors d’une visite le dimanche 28 mai 2006. (La Lucarne, printemps 2006, p. 23)

Avis amical aux intéressés, débutez les travaux avant que vous n’ayez atteint l’âge de 55 ans!